mercredi 25 février 2009

Le désespoir des singes de Françoise Hardy







Un livre qui m'a beaucoup 
touchée par sa sincérité, sa tendresse.
Avec courage, Françoise Hardy nous
fait découvrir son itinéraire intérieur 
depuis l'enfance à nos jours.
Avec elle, nous revivons des épisodes connues
et nous en découvrons d'autres.
Avec elle, on s'interroge sur 
le sens de nos existences, joies et souffrances.
Je me suis sentie très proche d'elle,
pour moi c'est un livre de partage...

Quelques passages :

"J'étais bien trop jeune pour savoir que des fossés plus ou moins infranchissables séparent les êtres. Maintenant encore, bien que plus au fait de la force des conditionnements et du filtre déformant qu'ils placent entre le monde extérieur et nous, ce m'est un perpétuel sujet d'étonnement et d'interrogation que la perception d'une même situation, d'une même personne, d'un même propos, d'une même musique, varie autant d'une personne à l'autre.....Quel enfer ce serait pourtant si nous avions tous une sensibilité identique !....J'ai peu à peu réalisé que mieux valait n'ouvrir son coeur qu'aux véritables âmes soeurs, la question de savoir si et jusqu'à quel point elles le sont restant l'une des plus complexes et des plus riches en coups de théâtre qui soient."

".... chaque fois que je recevrais le choc de la beauté, je me sentirais écartelée entre l'élan qui m'aspire d'elle et l'impotence qui me cloue au sol. Quelle qu'en soit la manifestation, la beauté aura toujours été pour moi un bouleversant aperçu de la nature divine. Inaccessible et pourtant familière par son évidence même, elle est le révélateur du manque que nous cherchons à combler sans le savoir. Ne tenant qu'à un fil, fragile, éphémère dans sa forme, en même temps qu'intemporelle et éternelle dans son essence, elle renvoie au tragique de la condition humaine qu'elle sublime et justifie."

"Mon inaptitude congénitale à me sentir concernée, de près ou de loin, par ce qui intéressait ou amusait les autres se traduisait par un sentiment de solitude dont, paradoxalement, l'extrême inconfort s'envolait dès que je réussissais à m'isoler avec un livre. C'est presque un résumé de ma vie : une vie par procuration, plus virtuelle que réelle, ..."

"...c'est la lecture d'un livre de spiritualité qui me rappela une vérité première sur laquelle on ne médite jamais assez : "Qu'est-ce que le désir?...C'est la marque de la distance. Tu ne désires pas ce que tu possèdes."
...la plupart des hommes oublient trop souvent que rien n'est éternel et qu'on ne possède jamais rien ni personne."

"Le printemps que j'attends toute l'année passe de plus en plus vite et mon coeur se serre en pensant au peu de fois qu'il me reste à voir refleurir les lilas, quand bien même je veux croire que leur beauté, comme toute forme de beauté, nous donne un aperçu de l'au-delà. Chaque fois que je le peux, j'emplis mes yeux du spectacle féerique de la nature...toutes ces merveilles qui contribuent à faire de notre planète le paradis terrestre dont parle la Bible,..."

"Mais mon arbre préféré se tient discrètement à l'écart....Son tronc peu épais soutient une multitude de branches longues et fines.....C'est sûrement pour les protéger qu'il les a hérissées de feuilles dures et pointues. Il s'appelle le "désespoir des singes" et je ne sais pas s'il m'attire parce que je suis un peu de sa famille ou parce qu'il me fait penser aux hommes qui m'ont désespérée. Eux aussi décourageaient l'approche en se rendant inaccessibles ou en lançant des piques. Fragiles comme ils l'étaient, que pouvaient-ils faire d'autre?" 

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